En Pologne, un graphique d’analyse de commentaires a été présenté à tort comme un “sondage” accusant l’Ukraine
Introduction : Après une incursion de drones dans l’espace aérien polonais, des messages viraux ont affirmé qu’un “sondage” montrerait qu’un tiers des Polonais blâment l’Ukraine. En réalité, il s’agissait d’un graphique tiré d’un rapport de veille sur la désinformation, qui mesurait des commentaires sur les réseaux sociaux, pas l’opinion des Polonais. Les équipes de vérification ont retracé l’origine et la déformation de ces chiffres.
Faits vérifiés
• Le graphique cité provient d’une étude de Res Futura qui cartographie des récits sur les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas d’un sondage d’opinion représentatif de la population polonaise. L’équipe EuroVerify d’Euronews a montré que ce visuel a été sorti de son contexte et transformé en “sondage” par des comptes pro-russes, puis relayé en plusieurs langues avec des millions de vues. (fr.euronews.com)
• Cette manipulation s’inscrit dans des campagnes récurrentes: d’autres intox récentes ont, par exemple, attribué à tort à Bellingcat la “révélation” que l’Ukraine ferait déminer des zones par des orphelins — une invention démontée par EuroVerify — et ont diffusé de fausses “Unes” de médias pour pousser des narratifs pro-Kremlin, documentées par l’AFP. (fr.euronews.com)
Développement
• Ce que montre le graphique Res Futura: parmi des commentaires analysés en ligne, 38 % rendaient l’Ukraine responsable, 34 % la Russie et 15 % le gouvernement polonais. Ce n’est pas un échantillon représentatif de citoyens, mais un comptage de prises de parole sur des plateformes. Des publications ont masqué cet avertissement méthodologique et ont présenté l’image comme un “sondage officiel”. (fr.euronews.com)
• Diffusion: EuroVerify a repéré la même présentation trompeuse en anglais, arabe, espagnol, français, hongrois et polonais, sur Facebook, Telegram, Instagram et X, parfois reprise par des médias. (fr.euronews.com)
• Contexte plus large: des procédés similaires (usurpation de marques de médias, faux habillages “BBC”, “Unes” truquées) servent régulièrement à donner un vernis de crédibilité à de faux récits sur la guerre. L’AFP a détaillé ces mécanismes et les a reliés à des opérations d’influence en ligne. (factuel.afp.com)
Désinformation et rumeurs
- “Un sondage prouve que les Polonais accusent l’Ukraine” → Faux: c’était une analyse de commentaires sur réseaux sociaux, pas une enquête d’opinion. (fr.euronews.com)
- “Bellingcat confirme que l’Ukraine fait déminer par des orphelins” → Faux: vidéo et attribution truquées, démenties par EuroVerify. (fr.euronews.com)
- “Des Unes de grands journaux confirment l’échec ukrainien à Koursk” → Faux: montages imitant de vrais médias, identifiés par l’AFP. (factuel.afp.com)
Quiz interactif EMI
Réponds puis clique pour vérifier :
Lexique
- Désinformation : information fausse diffusée délibérément pour tromper.
- Décontextualisation : fait de sortir un chiffre/visuel de son cadre (ex. transformer une analyse de commentaires en “sondage”).
- Usurpation de marque média : utiliser le logo, la charte ou une fausse “Une” d’un média pour donner l’illusion d’authenticité.
Exercice EMI
Choisis un graphique ou une “statistique” vue en ligne cette semaine. 1) Remonte à la source d’origine (rapport, étude, post). 2) Vérifie la méthode (qui a été interrogé, combien, quand, quoi exactement mesuré ?). 3) Compare avec deux médias fiables. 4) Explique en 5 lignes si le chiffre est représentatif ou s’il décrit seulement une activité en ligne.
Je m’auto-évalue
- [ ] J’ai identifié la source et son but (sondage, étude, veille de désinfo…).
- [ ] J’ai comparé avec 2 médias fiables.
- [ ] J’ai vérifié si le visuel n’était pas décontextualisé.
- [ ] J’ai reformulé avec mes mots ce que mesure vraiment le chiffre.
Catégorie : Fact checking et désinformation
